Bibracte et le Mont Beuvray

Ces mots ne vous évoquent peut-être rien, si vous ne vivez pas en Bourgogne. Par contre, tous les Français ont entendu parler à l’école de « nos ancêtres les Gaulois » …
Alors, si je vous dis « Vercingétorix était le chef de la coalition gauloise », ça commence à vous évoquer quelque chose ? Et si j’ajoute que Vercingétorix a rassemblé les Gaulois à l’oppidum de Bibracte, sur le Mont Beuvray, vous voilà au cœur du sujet !

le Mont beuvray par Mon coin de Bourgogne

Auteur : Mon coin de Bourgogne – Licence : © Mon coin de Bourgogne

Aujourd’hui, le Mont Beuvray peut faire l’objet d’une visite à trois dimensions :
– un site naturel extraordinaire
– un site historique exploité en plein air par les archéologues
– un musée sur la vie gauloise d’une grande richesse

Le site naturel du Mont Beuvray

Situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest d’Autun, le Mont Beuvray culmine à 821 mètres d’altitude. C’est l’un des plus haut sommets du Morvan.

Auteur : Mon coin de Bourgogne - Licence : © Mon coin de Bourgogne

Auteur : Mon coin de Bourgogne – Licence : © Mon coin de Bourgogne

 
A flanc de colline, il est fortement boisé. A proximité du sommet, une hétraie (forêt de hêtres) s’étend sur plus de 1000 hectares. Par contre, le sommet est dégagé en une prairie d’altitude, ce qui permet de magnifiques panoramas vers le Sud et l’Ouest.

Depuis 1990, le mont Beuvray est classé « site naturel ». On y accède à pied, à vélo, ou par « navette » au départ du musée archéologique.

Le site historique et archéologique de Bibracte

Dès le IIe siècle avant Jésus-Christ, au sommet du Mont Beuvray se trouvait Bibracte, capitale du peule Éduen. Les Éduens étaient un peuple celte relativement puissant, qui occupait le Sud-Est de la Bourgogne. Leurs proches ennemis sont les Arvernes, plus au Sud-Ouest, et les Sequanes, au Nord-Est (plaine de la Bresse jusqu’au Jura).
L’oppidum (= ville fortifiée) de Bibracte est construit à la fin du IIème siècle avant J-C, au sommet du Mont Beuvray, sur une surface d’environ 200 hectares, entourée d’un rempart de 7 km.
 
Au Ier siècle avant J-C, les Éduens font alliance avec les Romains, qui les protègent des Séquanes et surtout des Helvètes. Cela leur permet également de développer les échanges commerciaux, le territoire éduen se situant au carrefour du monde celte et du monde romain.
Ainsi, Bibracte est le siège du pouvoir éduen et de son aristocratie, mais c’est aussi un centre économique et commercial, avec de nombreux artisans travaillant le bois et les métaux : forgerons, bronziers, émailleurs et frappeurs de monnaie …
Les archéologues estiment que Bibracte comportait une population d’au moins 10.000 personnes, ce qui est énorme pour l’époque. (on est loin du petit village gaulois 😉 )

 

Auteur : Mon coin de Bourgogne - Licence : © Mon coin de Bourgogne

Auteur : Mon coin de Bourgogne – Licence : © Mon coin de Bourgogne

La visite du site archéologique commence à la porte du Rebout, l’une des nombreuses ouvertures pratiquées dans le mur d’enceinte. Ce rempart fortifié a été reconstitué selon la technique du murus gallicus décrite par César dans « la guerre des Gaules » : des poutres retenues au sol par des pierres, recouvertes d’un parement de terre et de pierres.

Plan de la maison romaine

La maison selon le plan d’architecture romaine –
Licence : © Mon coin de Bourgogne

 
On pénètre ensuite dans le quartier « commercial » de la ville, avec son artère principale bordée de boutiques et ateliers.
Les fouilles ont révélé deux types d’architecture, tantôt gauloise (terre et bois), tantôt romaine (pierres et chaux).
Les deux types d’architecture ont pu se succéder, comme c’est le cas de la grande maison « à la romaine », bâtie sur 3800 m² selon le plan des villas de l’aristocratie romaine, mais recouvrant une bâtisse à ossature en bois typiquement gauloise.

Plus bas, on découvre avec étonnement le bassin elliptique, en forme d’œil. Construit en granit rose, son principe architectural est connu (intersection de deux cercles selon des rapports de longueur d’un triangle de Pythagore), mais pas son utilisation.

Auteur : Mon coin de Bourgogne - Licence : © Mon coin de Bourgogne

Auteur : Mon coin de Bourgogne – Licence : © Mon coin de Bourgogne

Auteur : Mon coin de Bourgogne - Licence : © Mon coin de Bourgogne

Auteur : Mon coin de Bourgogne – Licence : © Mon coin de Bourgogne

Évolution du site de Bibracte

Depuis -58, César est en pleine guerre des Gaules. Il fait le jeu des alliances et des trahisons, assiégeant les différents peuples gaulois les uns après les autres.
Malgré l’alliance avec Rome, les Éduens vont se rallier à leurs ennemis d’hier, les Arvernes et leur jeune chef, Vercingétorix. C’est même à Bibracte que celui-ci aurait été désigné comme chef de la coalition gauloise contre la puissance romaine.

tableau de Vercingétorix jetant les armes

Vercingétorix jette ses armes aux pieds de Jules César (tableau de Jules Royer)

 
Mais en -52, le siège d’Alésia est fatal aux troupes de Vercingétorix, qui doit rendre les armes.
César passera l’hiver -52/-51 à Bibracte, où il rédigea une partie de son ouvrage « La guerre des Gaules »
La ville reste prospère encore quelques dizaines d’années.

Cependant, à partir de -15, la construction de la ville d’Augustodunum, la cité « soeur et émule de Rome » entraîne le déclin de Bibracte qui est peu à peu délaissée par les Éduens : Autun deviendra leur nouvelle capitale.
 

Au Moyen-Âge, une foire a lieu le premier mercredi de mai, c’est la seule intervention humaine sur le Mont Beuvray pendant des années.
Un couvent s’installe au sommet au XVème siècle, il sera abandonné un siècle plus tard, et le mont Beuvray sombre à nouveau dans l’oubli.

Dans les années 1860, sous Napoléon III, la recherche historique et les débuts de l’archéologie suscitent un vif intérêt. Des recherches sont entreprises pour situer Bibracte, capitale des Éduens. D’abord confondue avec Autun, ce sont les recherches de Jacques-Gabriel Bulliot puis de son neveu, Joseph Déchelette qui mettent au jour les remparts de Bibracte sur le Mont Beuvray et les premières traces de la cité celte enfouie sous la végétation.

Un temps abandonnées, les fouilles du Mont Beuvray reprennent en 1984, sous l’impulsion du Président de la République François Mitterrand. Désormais, elles se poursuivent sans relâche, chercheurs et étudiants de toute l’Europe s’y relaient tout au long de l’année.

Le musée archéologique

Inauguré en 1995, ce musée de la civilisation celtique se situe à quelques centaines de mètres du sommet du Mont Beuvray et du site archéologique. Il a été rénové en 2013 et comporte de nombreuses maquettes, vidéos, reconstitutions … ainsi que des milliers d’objets recueillis tant à Bibracte que prêtés par des musées européens.

Maquette du peuplement de Bibracte

Maquette représentant le peuplement du site de Bibracte – Licence : © Mon coin de Bourgogne


 
La visite s’effectue avec un audioguide (en français, anglais, allemand, ou néerlandais), sur deux niveaux.
Le 1er niveau, plus généraliste, explique le travail de l’archéologue et resitue Bibracte à l’échelle européenne et dans la chronologie des civilisations de la fin de l’Âge de Fer.

Objets du musée de Bibracte

Vases et objets au musée de Bibracte – Licence : © Mon coin de Bourgogne

Le second niveau est davantage consacré à Bibracte même et aux différents secteurs de l’oppidum éduen, tels que les archéologues ont pu le reconstituer à partir des fouilles.

Chaque année, le musée propose également une exposition temporaire qui s’intéresse à un point particulier de la civilisation celtique ou de l’archéologie.

Enfin, à 4 km de là se trouve le Centre de Recherches, lieu de rencontre des archéologues mais aussi lieu de traitement et conservation des objets issus des fouilles. Ce centre dispose d’un espace documentation, ouvert au public sur rendez-vous.

 

Informations pratiques

Situer le Mont Beuvray

 

Tarifs

La visite du site archéologique peut s’effectuer en visite libre. Toutefois, la visite guidée est beaucoup plus enrichissante.
Les visites guidées durent 1 h30 et ont lieu de mi-mars à mi-novembre à 14h30 les dimanches, jours fériés et petites vacances scolaires, ou à 11h, 14h, 15h et 16h15 tous les jours en juillet-août. Visite en langue étrangère à certaines heures.
Tarif : 10,00 € par adulte et 8,50 € en tarif réduit. Ce tarif comprend aussi la visite du musée.

Visite du musée et des expositions : le musée est ouvert tous les jours du 15 mars au 16 novembre, de 10 h à 18 h (19h en juillet-août).
Tarif : plein tarif 7,50 €. Tarif réduit 5,50 €. Gratuit pour les moins de 12 ans.

A noter : durant l’été, des animations spécifiques sont prévues pour les enfants.

Site officiel : http://www.bibracte.fr/

 

Shares

Page mise à jour le 8 septembre 2018

7 réponses sur “Bibracte et le Mont Beuvray”

  1. Yves GAY dit :

    Merci pour ce descriptif très utile et qui correspond en tous points à la réalité de ce site sans doute encore trop méconnu.
    Ce site ( tout comme le musée) est pourtant une pure merveille.
    Je viens d’y séjourner deux jours et ce furent deux jours de pur bonheur !!!!

  2. Vadrot dit :

    Très bien documenté : bravo

  3. dan dit :

    La hêtraie est impressionnante. Les arbres y sont tous ‘personnalisés’. L’ambiance est quasi zen. Je reste marqué par une atmosphère poetique m’ayant laissé le sentiment de ne jamais être seul. Le point de vue à 820 m et la présence de ces arbres ‘magiques’ invitent à le rêverie et à la sérénité. A vivre absolument !

  4. Cela m’a donné envie de boire un petit rouge héhé 🙂

  5. Bonjour,
    Très intéressant, cela nous rappelle des souvenirs ;=D

    1. Flo dit :

      Merci. 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.